Selon MM Research Institute, Apple aurait écoulé 200.000 iPhone au Japon les deux premiers mois suivant sa commercialisation (juillet/août). Depuis les ventes baissent de façon régulière et importante alors que les analystes tablaient sur un chiffre deux fois supérieur. Il est d’ailleurs peu probable que la barre des 500.000 terminaux écoulés soit atteinte alors que les prévisions étaient de plus d'un million d’unités. Il n’y a donc pas de pénurie, au contraire, les boites d'iPhone s'empilent dans les boutiques et Softbank, l’opérateur local de l’iPhone, a baissé 2 fois les prix depuis son lancement.
Apple rencontre donc les mêmes difficultés sur ce marché que les autres fabricants occidentaux (voir graphique ci-dessous) et cela était prévisible.
Premier constat: le type de relations entre fabricants et opérateurs est différents des marchés occidentaux. Au Japon, opérateurs, vendeurs et fournisseurs de contenu travaillent étroitement ensemble pour créer des standards plutôt que des solutions propriétaire. Ainsi tous les terminaux sont développés et produits selon les spécifications de l’opérateur, y compris pour l’introduction de nouvelles technologies. Il en résulte une grande cohérence entre hardware et services fournis en fonction des besoins des utilisateurs. C’est aussi une des raisons pour lesquelles l’internet mobile s’est aussi rapidement développé au Japon.
Deuxième constat : l’iPhone3G ne constitue pas réellement une révolution au Japon où le taux de pénétration de la3G flirte avec les 80%. De plus, la concurrence est rude : des mobiles haut de gamme avec un grand écran couleur, la TNT mobile, la 3G, le GPS, un APN, un lecteur de musiques et de vidéos, la technologie « sans contact » (pour les paiements et les titres de transports), etc. ont été commercialisés bien avant l’arrivée de l’iPhone et à un prix plus bas.
Troisième constat : L’absence d’emoji. On pourrait expliquer l’insuccès de l’iPhone au Japon par l’absence de TV mobile mais, même si les mobinautes japonais parlent beaucoup de cette fonction, finalement ils l’utilisent peu. On pourrait également citer l’absence de puce sans contact Felica (pour les paiements et le transport) qui est un « plus » mais la plupart des japonais utilisent plutôt une carte sans contact que leur téléphone. On pourrait aussi déplorer l’absence de lecteur QR code mais, bien que non disponible lors de l’achat, l’applicatif peut être ensuite téléchargé depuis l’App Store. La seule vraie explication semble être l’absence des emoji (large bibliothèque d’émoticônes utilisés abondamment dans les mails). Pourquoi ? Parce que les japonais échangent beaucoup de mails via leur mobile et que, plus que de petits pictos colorés, les emoji constituent pour les japonais une sorte de second système d’écriture. Dans ce contexte, les possesseurs japonais d’iPhone ne peuvent pas agrémenter leurs messages de ces conviviaux pictos mais surtout ils reçoivent des mails /*¾&#° (pardon, incompréhensibles) puisque les emoji ne sont pas « lisibles » par leur terminal… Un point que Google a dû prendre en compte : depuis le début de cette année les emoji sont intégrés dans ses applications au Japon (blogs, Gmail, etc) et vont être étendus à l'ensemble de ses marchés.
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