Google domine les recherches mondiales sur internet, mais il n'est pas maître du jeu au Japon où son rival Yahoo!, contrôlé localement par le groupe japonais Softbank, continue de le tenir en respect.
"Premier fournisseur asiatique de services internet et numéro un mondial des contenus pour terminaux mobiles": ainsi Masayoshi Son, PDG fondateur de Softbank, imagine-t-il son groupe dans dix ans.
Et Google? Il n'est pas numéro un en Asie, il va perdre la bataille, répond en substance le milliardaire.
Softbank gère le portail "Yahoo! Japan", le premier site de recherche internet japonais.
Sa puissance relève, selon son PDG, de la connaissance qu'il possède des attentes et singularités du marché japonais, ainsi que d'une complémentarité stratégique entre ses diverses activités: opérateur de télécommunications fixes et mobiles, fournisseur d'accès à internet (marque Yahoo! BB), gérant du moteur de recherche et portail "Yahoo! Japan" et exploitant de moult plates-formes de services multimédia importés sur le marché japonais, comme Myspace et OhMyNews.
Face à Softbank et "Yahoo! Japan", d'autres ont déjà renoncé à surenchérir au Japon, telle la méga-salle de vente virtuelle mondiale e-Bay.
Une simple traduction en japonais d'un service étranger ne permet pas de se frayer une place au pays du Soleil levant, surtout quand un acteur local a déjà assis sa domination.
La première plate-forme communautaire mondiale Facebook est un nain au Japon: le géant ici, c'est Mixi, inconnu hors de l'archipel, mais qui y compte plus de 15 millions d'adhérents (12% de la population).
Google, dont le moteur de recherche fut lancé au Japon fin 2000 (trois ans après le dépôt du nom), n'a toujours pas réussi à contredire cette "exception Japon".
A en croire le patron de Softbank, ce n'est pas pour demain.
"Le modèle économique de Google repose sur un marché occidental déjà mature, où le potentiel d'augmentation du nombre d'internautes est faible. De plus, ces derniers se connectent majoritairement avec leur ordinateur, une habitude bien ancrée ", explique M. Son.
En revanche, Softbank --dont "Yahoo! Japan" est une pièce maîtresse accessible par mobile-- va selon lui s'imposer dans le monde grâce à sa position géographique et aux pions qu'il pose sur les terres alentour via des prises de participations dans les groupes de services internet chinois comme Alibaba, Xiaonei, Oak Pacific Interactive, Taobao, Aliplay.
"Softbank prospère au coeur du marché asiatique où la croissance de la population connectée va exploser, et ce d'abord via les terminaux mobiles", assure M. Son.
Dans ce jeu de Go, le téléphone portable est la pierre cruciale, un atout déjà avéré au pays du Soleil levant où, depuis le rachat des activités cellulaires de Vodafone au Japon en 2006, Softbank a vu son chiffre d'affaires bondir grâce à 19 millions de clients.
Le mobile deviendra une "machine à cash" également dans les contrées voisines, par contagion et proximité culturelle, grâce aux jeunes influencés par le modèle nippon, prédit Masayoshi Son.
Google a lui aussi compris que les terminaux portables étaient un élément tactique indispensable.
Au Japon, il vient de pactiser avec le premier opérateur de télécommunications mobiles, NTT Docomo (53 millions d'abonnés), lequel a installé le moteur de recherche Google sur son populaire portail mobile "i-mode". Ensemble, ils développent une nouvelle gamme de services et des terminaux basés sur le système d'exploitation "Android" de Google. Reste que les différences de culture compliquent la tâche et qu'ils ne forment pas un groupe intégré.
"Nous sommes les seuls à posséder les infrastructures de télécommunications, les contenus et le moteur de recherche (Yahoo! Japan)", a beau jeu de rappeler le patron de Softbank.
(Source : AFP)
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